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LOF ?

Le Tamaskan n’est pas une race inscrite au LOF


Qu’est-ce qu’un chien LOF ?

« LOF, ou Livre des Origines Français, est le registre créé en 1885 où sont répertoriées les origines des chiens français de race. Seuls les chiens inscrits au LOF ont droit à l’appellation «chien de race» qui justifie un prix plus élevé qu’un chien croisé, d’apparence ou de type racial. Un chien LOF possède un certificat de naissance attestant de son inscription au LOF par son éleveur […] »

Société Centrale Canine (SCC)

Il faut savoir que pour qu’un chien soit LOF, il faut que :

  • ses deux parents soient eux-même LOF et confirmés (c’est-à-dire qu’ils doivent avoir été examinés par un juge expert de la race confirmant, ou non, que les chiens respectent bien le standard de la race)
  • que la portée dudit chien ait été déclarée à la SCC, on parlera alors d’une « portée LOF »
  • que le chiot de la portée LOF soit lui-même confirmé par un juge expert de la race
  • que le chien (ou la chienne) ne soit pas stérilisé(e) au moment de sa confirmation.

Il n’y a aucun jugement sur la santé génétique du chien. Un chien LOF c’est un chien qui est bien enregistré comme il faut dans les papiers de la SCC et qui est joli selon les critères de sa race, c’est tout. Bon, bien sûr, le jour de sa confirmation il faut que le chien ait l’air en bonne santé, mais AUCUN examen de santé (encore moins génétique) n’est requis.
Autrement dit, le salut génétique d’un chien LOF ne dépend que du sérieux, de l’honnêteté et de la passion de son éleveur. Cela veut aussi dire qu’un éleveur peu scrupuleux (ou un « puppy mill » = « une usine à chiots ») peut tout aussi bien produire des chiens LOF puisque, au final, il s’agit surtout d’une question administrative.
C’est pour cela qu’il est toujours très important de bien se renseigner sur son éleveur quand on achète un chien, même si c’est un éleveur LOF. Il ne faut pas hésiter à demander si les parents du chiot ont été testés contre les maladies les plus courantes dans la race, si on peut voir les résultats, si on peut voir les parents etc.

Un autre travers du LOF, selon mon avis personnel, c’est que in fine il sélectionne ses reproducteurs sur des critères purement esthétiques (la conformation à la race) et nullement sur des critères de santé génétique. C’est comme ça qu’on se retrouve avec des races qui ont des problèmes physiques notoires mais qui correspondent à un critère esthétique arbitraire ou des races qui sont massivement atteintes par des maladies génétiques importante (dysplasie des hanches HD, Myélopathie Dégénérative DM, Sensibilité médicamenteuse MDR1, cancers, etc…)

Une face plus courte est synonyme d’une quantité de problèmes. Le Boxer moderne (à droite) a non seulement une face plus courte mais aussi un museau légèrement retroussé. Le boxeur – comme tous les chiens bracécyphaliques – a ainsi du mal à contrôler sa température par temps chaud (halètements difficiles) ; son incapacité à dissiper la chaleur limite ses performances physiques. Il a également l’un des taux de cancer les plus élevés.
Le bulldog anglais est devenu le symbole de tout ce qui ne va pas avec la mode chez certaines races de chiens, non sans dommage ; ils souffrent de presque toutes les maladies possibles. Une enquête réalisée en 2004 par le Club de la race a révélé qu’ils meurent à l’âge médian de 6,25 ans. Il n’existe pas vraiment de bouledogue en bonne santé. Les proportions monstrueuses du bouledogue les rendent quasiment incapables de s’accoupler ou de mettre bas de façon naturelle, sans intervention médicale…
Le Carlin est une autre race brachycéphale extrême qui présente tous les problèmes associés à ce trait : hypertension artérielle, problèmes cardiaques, faible oxygénation, difficultés respiratoires, tendance à la surchauffe, problèmes de dentition et dermatite des plis cutanés. La queue à double boucle très recherchée est en réalité un défaut génétique. Dans les formes les plus graves, elle conduit à la paralysie.
Le berger allemand est également une race qui est régulièrement mentionnée lorsque l’on parle de races ruinée. Dans le livre « Dogs of all nations », le berger allemand est décrit comme un chien de taille moyenne (à gauche) de 25 kg, ce qui est bien différent du chien (à droite) angulé, à la poitrine en tonneau, avec un arriète-train tombant, ataxique et pesant 38 kg que nous sommes désormais habitués à voir sur les rings de confirmation.

Photos et commentaires (traduits) extraits de l’article « 100 years of breed ‘improvement’  » (100 ans ‘d’amélioration’ de la race »)

Enfin, la sélection « administrative » du LOF fait que la variété génétique au sein de la race tend à se perdre. Puisqu’il est très difficile (voire quasi impossible pour certaines races comme pour les Bergers dont la majorité des livres sont fermés) d’inscrire un chien au LOF si ses parents ne sont pas eux-même LOF, ce sont souvent les mêmes reproducteurs que l’ont retrouve dans les pedigrees. La consanguinité devient vite un casse-tête à éviter… (Encore une fois, l’accréditation LOF ne se préoccupe nullement du taux de consanguinité d’un chien).

Tout ça pour dire : je n’ai rien contre les chiens LOF, surtout quand ils sont produits par de vrais éleveurs sérieux, honnêtes et passionnés par leur race et qui ne se contentent pas uniquement des critères administratifs et de beauté imposés par le LOF mais qui sont également vigilants sur la bonne santé, y compris génétique, de leurs chiens et de leur race. Le LOF a pour intérêt d’encadrer et de préserver le standard des races, ce n’est pas son utilité que je questionne.
Je reproche cependant au LOF de n’avoir aucun critère officiel sur la santé génétique des chiens qu’il confirme alors qu’il est sensé être un gage de « chien de qualité », « produit dans de bonnes conditions », pour leur propriétaires.

C’est pourquoi je trouve important d’être clair sur ce qu’est un chien LOF et sur quoi sa valeur marchande repose selon la SCC car, je cite : « Seuls les chiens inscrits au LOF ont droit à l’appellation «chien de race» qui justifie un prix plus élevé qu’un chien croisé, d’apparence ou de type racial. » (Société Centrale Canine)
Personnellement, je ne suis pas d’accord sur ce point. Il me semble en effet plus important (et coûteux : faire des tests génétiques à ses reproducteurs n’est pas gratuit et se répercute ainsi naturellement sur le prix des chiots) d’avoir un joli chien en bonne santé plutôt qu’un magnifique chien atteint d’une maladie génétique qui aurait pu être évitée si sa race avait été encadrée par une réglementation officielle à ce sujet.

NB : encore une fois, j’insiste, les éleveurs sérieux, honnêtes et passionnés de chiens de races inscrites au LOF existent et font passer des tests génétiques à leurs chiens afin de les reproduire dans les meilleures conditions. Ce n’est cependant pas une obligation pour qu’un chien soit reconnu au LOF.


Pourquoi le Tamaskan n’est pas une race inscrite au LOF ?

Tout simplement parce que c’est une race encore en construction.

Il existe un standard établi par le Tamaskan Dog Register mais des chiens reproducteurs outcross peuvent être utilisés (sous condition d’être acceptés par le TDR).
(Pour plus d’informations sur les outcross chez le Tamaskan, je vous invite à aller lire mon article sur le sujet : « Outcross ? »)

Les races inscrites au LOF n’acceptent pas l’utilisation de chiens reproducteurs outcross. Or le Tamaskan est une race encore trop jeune avec une diversité génétique trop limitée pour pouvoir se permettre de n’utiliser que des chiens enregistrés comme étant de race Tamaskan.
Cette possibilité de pouvoir utiliser des reproducteurs outcross chez le Tamaskan explique ainsi la variété d’apparences et de tempéramments (suivant les lignées) qui sont encore observables dans la race Tamaskan.

Photo (gauche) Nova Tamaskan / Photo (droite) Judith Vrugt
Nova (Lill van de Wolvenweide) femelle G2 (Tamaskan x Tamaskan) née en 2017
43,4% Berger Allemand
32,2% Husky de Sibérie
17,1% Malamute d’Alaska
7,3% Loup Gris
Photo (gauche) Lieblingshund Fotografie / Photo (droite) Gur Photographer
Tsume (Sylvaen Typhoon) mâle G2 (Tamaskan x Tamaskan) né en 2017
55% Husky de Sibérie
45% Berger Allemand
Photos (gauche et droite) Furry Road
Lumos (Sylvaen Greyjoy) mâle G1 (Tamaskan x Chien Loup Américain) né en 2015
30,6% Berger Allemand
29,7% Loup Gris
22,1% Husky de Sibérie
12,4% Malamute d’Alaska
5,2 % Samoyède
Photos (gauche et droite) Smile Like A Dog
Florina (Fuhsaz Florina) Femelle G1 (Tamaskan x Groenendael) né en 2016
50% Berger Belge Groenendael
22,8% Malamute d’Alaska
12,4% Berger Allemand
11,6% Husky de Sibérie
3,2% Loup Gris
Photos (gauche et droite) Furry Road
Nox (Fin Raziel du Lignage) femelle G1 (Tamaskan x CL Américain/CL Tchèque) née en 2017
57,9% Berger Allemand
21,3% Loup Gris
15,7% Husky de Sibérie
5,1% Malamute d’Alaska

Les pourcentages de races des Tamaskan présentés ci-dessus ont été déterminés par analyse ADN du Laboratoire EMBARK (les résultats EMBARK sont accessibles en cliquant sur leurs noms : Nova, Tsume, Lumos, Florina et Nox).
Comme vous l’aurez remarqué, ces pourcentages peuvent grandement varier d’un Tamaskan à un autre et pas forcément avec les mêmes races représentées. Ce n’est donc pas un « certain mélange de races » qui détermine si un chien est de race Tamaskan ou non, mais le lignage.

A l’origine de la création de la race Tamaskan se trouvent ceux qu’on appelle « les chiens fondateurs ». Chaque chien fondateur représente le début d’une lignée de Tamaskan. Au fil du temps et de l’ajout de chiens reproducteurs outcross, certaines lignées fondatrices on reçut un apport de Samoyède, et/ou de chien-loup tchèque, et/ou de chien-loup américain etc. Ceci explique d’une part pourquoi ce n’est pas toujours le même « cocktail » de races que l’on retrouve suivant les lignées de Tamaskan même si certains mélanges sont récurents (on retrouve généralement du Husky et du Berger Allemand).
D’autres part, il arrive que des chiens comme Tsume « perdent » les gènes de certaines races que l’on peut retrouver chez leurs ancêtres. On sait par exemple qu’un arrière-arrière-grand-père de Tsume, Jackal, était moitié chien-loup tchèque et moitié husky de sibérie. Au fil des générations, tous les gènes de chien-loup tchèque de Jackal se sont perdus ou se sont retrouvés dans une proportion trop infime dans l’ADN de Tsume pour pouvoir être mesurés.
(Pour plus d’information sur l’Histoire du Tamaskan, je vous invite à aller lire ou relire l’article « Histoire »)

Ainsi, bien que non inscrite au L.O.F, le Tamaskan est une race encadrée par des règles strictes établies par le Tamaskan Dog Register (TDR) et le CoB (‘Committee of Breeders’ ou ‘Breeding Committee’ = commission d’élevage) :

Autrement dit, le TDR joue un rôle semblable pour le Tamaskan que celui que joue le LOF pour les chiens de races en France… l’obligation de soumettre ses chiens reproducteurs à des tests génétiques en plus ! Ainsi, la communauté d’éleveurs de Tamaskan s’évertue à protéger la race des maladies génétiques les plus courantes.